Wednesday, August 29, 2007

Un Âroubi est mort aujourd'hui !

J'ai toujours eu une certaine sympathie pour les personnes déchues et trainés dans la boue par les "Puissants du Temps" (Maline El Waqt en langue marocaine). Si de surplus cette personne est intelligente, fière et issue du bas-fond social, il gagnera sûrement ma sympathie.

Basri est mort seul et lâché par les siens : ceux même qu'il a aidé voire fabriqué dans le passé. Seul le peuple simple a eu de la pitié pour lui. Ce peuple qui est toujours à côté des faibles face aux tous puissants.

Basri n'était pas un ange. Un fils de gardien de prison ne peut pas l'être. Seuls les fils et les filles de la bourgeoisie peuvent l'être. Basri n'était pas juste et ne le prétendait pas non plus.

Mais Basri aimait sa région et sa ville natale. Basri aimait les Âroubia et était fier de sa Taâroubit. Basri était auto-ditacte, n'a pas fait Princeton ou Ponts et Chaussés. Basri était marocain en ce qu'il y'a de plus beau et de plus moche. Il a préféré mourir loin de chez lui plutôt qu'être humilié ou renier ses convictions. Basri n'a pas trahi et n'a pas travaillé pour les renseignements algériens non plus. Basri a contribué à construire notre état jeune sans jamais comploter.

Dors en paix, Ô ange déchu! Le petit peuple t'a pardonné! Dieu reconnaitra les siens! Ceux qui ont boycoté tes funérailles n'en font pas partie!

Saturday, August 25, 2007

Huit ans de désillusions!

Quand Hassan II est mort, je n'avais aucun lien avec le Maroc. Je ne me considérais pas comme citoyen de ce bled. J'avais perdu toute confiance en le système. Je me définissais comme Oujdi et socialiste. Mes modèles étaient à l'époque un pêle-mêle stupide de personnages haut en couleurs tel que Serfaty, Bziz, des féministes marocaines comme Mernissi, des gens du social comme Echenna et l'omni-présent Batma et El Ghiwane.

Dans le Top des Hais de ma liste, il y'avait la TVM, la mo9ataâ, les fêtes nationales et les gens que j'étais forcé de voir sur la TVM tel que le Roi et les affidés du roi de toutes couleurs.

Le roi est mort. Celà ne m'a fait ni chaud ni froid. Mec neutre, évènement banal. La vie peut continuer avec ou sans lui.

3 jours plus tard, les obsèques de Hassan II m'ont fait un peu réfléchir. Soudain j'ai découvert que je ne le connaissais pas assez. Ce mec doit être assez spécial (dans le bien ou dans le mal) pour que sa dépouille soit suivie par les grands de ce monde dans une anarchie bordélique à la marocaine. Plus tard je suis devenu moins sévère avec le personnage. Je me doutais même des fois s'il n'était pas lui même victime d'un système plus grand que lui, moi et les marocains réunis : ces sacralités marocaines de terreur paternaliste, de dictature ancestrale et de non-dit honni. Anyway, pour moi Hassan II est un simple marocain avec ses qualités et ses défauts et qui nous a niqué la vie nous la génération de l'après 1975.

Un nouveau air soufflait après sur le maroc. Un nouveau roi plus humain. J'ai douté les premiers mois mais après je me suis convaincu qu'il est effectivement différent. Petit à petit, je devenais citoyen marocain et me sentais appartenir à cet état jeune en quête de progrès social et économique.
Commence alors l'ère des rêves et des espérances les plus folles. Des gestes forts de la part du nouveau monarque me confortait dans ma quête d'un Maroc Fort et Humain. Le Maroc Driyyef de mes rêves. Pas ce Maroc mi-arrogant, mi-loser et 100% impitoyable. Je commençais aussi à découvrir mon histoire et l'histoire de mon Maroc. Les langues se délillent et l'image du pays devient plus humaine à l'étranger. J'étais dans les anges.

Il arrivait que des fois le nouveau pouvoir pêchais par excès de confiance. Un journaliste empêché de faire son boulot pour 10 ans ? Pourquoi pas ? Il était bien insolent celui là. Des indépendantistes agressés par la police ? Why not ? Ils le méritaient bien. Des gens d'Al Adl wa El Ihasane harcelés et leurs sites internet censurés ? c'est pas grave. Je me cherchais toujours des excuses stupides prétextant que le pouvoir a besoin de temps pour réussir la transition démocratique tant attendue et que des poches de résistance existaient toujours au sein du sacro-saint Makhzen.

Mais le pouvoir continuait pendant ce temps là à faire ce que bon lui semble dans l'absence d'une opposition politique et intellectuelle digne de ce nom. Tout le monde est anesthési. Pire il y'a des domaines où la situation est plus grave et plus scandaleuse que pendant l'ère Hassan II. Un capitalisme marocain verrouillé. Un monopole quasi-général sur toutes les activités économiques. La corruption deviens plus visible et plus tolérée. La justice toujours téléguidée mais cette fois avec subtilité et intelligence. On emprisonne pas, mais on vous dépouille de tes économies et on t'humilie, le tout expliqué aux nuls que nous sommes en traditions démocratiques universelles par un ministre ancien apôtre du prolétariat et de la justeice sociale. La TVM ne passe plus que des spots de propagande électorale et d'incitation aux MRE de l'europe et de l'amérique (jamais ceux des autres continents) à revenir et faire profiter les caisses du Makhzen économique : le tout payé par le contribuable.

La dictature a changé de peau. Elle est plus efficace et moins voyante. En 2007, le pouvoir a changé de cap à 180 degrés. Journalistes emprisonnés. Enfants de 9 mois séquestrés, séniors de 72 ans enfermés au nom d'une "justice" au service du Makhzen et manifestement anti-peuple.

Pour tout celà, je ne voterai pas et je ne me tairai plus. Et je mets fin à mes illusions d'imbécile heureux.