Saturday, September 15, 2007

Les élections dans un bloc opératoire !


Eh oui je suis un fervent abstentionniste et je crois dur comme fer que cette attitude est noble et démocratique dans le cas marocain. Mais, je vous jure, que ce n'est pas pour échapper au vote que j'ai programmé mon opération chirurgicale pour le 7 septembre à 8hr. C'est donc anesthésié (presque toute la journée) que j'ai royalement raté mon "3ors intikhabi" (a.k.a Heureux Evènement Electoral selon nos propagandistes de l'Intérieur.)

L'ombre de la politique n'était pas très loin non plus. Les membres du staff soignant parlaient des élections pendant qu'ils me préparaient pour le grand sommeil. Le chirurgien en chef était le seul à approuver une participation au vote. Tout le personnel était contre. Un vieux monsieur était catégorique quand à l'unitilité d'une telle participation. J'étais donc heureux d'être entre les mains d'une majorité de camarades abstentionnistes.

Intéressons-nous maintenant aux profils des intervenants dans ce drôle de bloc.

Il y'avait un médecin chirurgien marocain et pur produit de la société marocaine. Très compétent. Très drôle et qui ne snobe pas son équipe du tout. Le contraire d'un Yazghi arrogant ou d'un Fassi bigôt.

Il y'avait le vieux monsieur avec le sens du devoir et du travail accompli durant de longues années j'imagine. Beaucoup de vies sauvées. Un héros anonyme même s'il a perdu la foi en notre glorieuse transition démocratique. Bizarre! Au Maroc, ce sont les gens intègres, les héros anonymes et la majorité silencieuse qui boycottaient.

Il y'avait une infirmière fort sympathique et maitraisant à merveille l'art de mettre à l'aise un individu sur le chemin d'être opéré. Ce qu'aucun politicien marocain, ni au palais ni au gouvernement ni au parlement, ne le sait faire. Elle me parlait de son incapacité à trouver une bonne école pour sa fille qui vient d'avoir le bac avec mention. Un autre héros et un autre désastre.

Il y'avait des infirmières et des réanimatrices. Certaines très coquettes. D'autres avec un voile non dépourvu de charme. Si je me fiais aux bien-pensants de l'intelligensia marocaine, la présence de voilées (et pour eux forcément PJDistes) dans le bloc constitue un danger pour ma santé. Mais oh que nenni. Ce sont aussi des citoyennes comme nous. Elles ne pensent pas peut-être exactement comme nous mais elles contribuent à leur façon au bien-être public. Heureusement que dans un bloc opératoire (un lieu glauque par défaut), nous sommes obligés de cohabiter pour la bonne cause. Nous pouvons les écarter des postes gouvernementaux mais jamais d'un bloc opératoire.

Anyway, les conclusions que je tire de tout celà (et il faut bien sûr en tirer quelques unes) :

1. Nous avons réussi à construire un état viable. J'étais opéré dans une clinique marocaine par des marocains et des marocaines de tous les bords. J'étais pris en charge au complet par une mutuelle marocaine et la contribution d'une boite marocaine privée sachant qu'à l'origine je viens d'un milieu très modeste et d'une région très lointaine. Bien sûr il faut que tout celà se généralise pour tout le peuple et c'est loin d'être le cas, mais il y'a des signes pour espérer. Je l'ai vu et vécu de mes propres yeux.

Dans des états en faillite près de chez nous, même le président doit se soigner dans un autre pays sensé être l'ennemi pour une maladie bénigne. Moi citoyen insignifiant, fils de rien, j'étais pris en charge par des co-concitoyens et co-citoyennes très compétents et très humains et je m'estime plus chanceux que ce président là.

Pour construire cet Etat, il a fallu apporter la sécurité et éduquer un minimum. L'apport d'hommes comme Mohamed Fassi, Mohamed V, Hubert Lyautey, Hassan II et Driss Basri était primorial. Ces hommes n'étaient pas de anges mais ils ont contribué à l'édification d'un noyau d'Etat viable. Le peuple brave a fait le reste. La gauche veut maintenant nous culpabiliser. Le pouvoir central ne veut pas avancer vers la vraie démocracie et le plein de libertés.

2. Tous les marocains ont le droit d'accéder à n'importe quelle fonction s'ils sont compétents. Le PJD justement doit cesser d'être labellisé comme le parti du Diable. Je ne partage pas du tout leurs idées, mais tant qu'ils ne commettent pas d'actes de violence, ils ne doivent pas être écartés du pouvoir par des mainpulations curieuses de découpages électoraux.

3. J'aimerais voter la prochaine fois si le pouvoir en haut (celui en très haut, pas les partis qui font ce qu'ils peuvent) me garantisse qu'il respectera mes choix et mes droits à la libre expression : avec un accès illimité, sans frais d'abonnements, de clauses cachées de sacralités bidons et dans le cadre d'un contrat social qui doit nous unir pour le bien de ce putain de Maroc qui nous habite. Sinon je préferrerai être dans le coma le jour des prochaines législatives en 2012 que de voter.

A bon entendeur.

1 comment:

Anonymous said...

Lire le blog en entier, pretty good